Un jour, peut-être… ou comment faire une comédie romantique originale, touchante et, surtout, de qualité. Les comédies romantiques ont très souvent le même schéma. 2 personnes avec un caractère ou venant d’un milieu différent se rencontrent.
Au début, ils se détestent, puis tombent amoureux. Un gros malentendu ou quiproquos les séparent, le fautif s’excuse (si possible devant beaucoup de monde), et ils finissent ensemble et heureux. Sans exagérer, c’est le cas de 90% des comédies romantiques, avec un schéma vu et revu, on devine au bout de 10 minutes ce qu’il va se passer et comment cela va se terminer.
Un jour, peut-être… raconte l’histoire de Will Hayes (Ryan Reynolds), qui est en instance de divorce, et va récupérer sa fille Maya (Abigail Breslin), dont il a la garde pour quelques jours. Alors que Maya a eu un cours d’éducation sexuelle à l’école, et qu’elle a peur d’être née par accident, elle demande à son père de lui raconter sa rencontre avec sa mère.
Will accepte, mais il décide de raconter l’histoire des 3 femmes qui ont le plus compté dans sa vie, en changeant les noms, et Maya doit deviner qui est sa mère.
En 1992, on découvre Will, tout juste diplômé de l’université. Idéaliste et démocrate, il décide de soutenir le QG de la campagne de Bill Clinton pour devenir président des Etats-Unis.
Les débuts de Will ne sont pas fameux…
Pour cela, il doit quitter le Wisconsin et aller travailler à New York. Bien que sa petite amie, Emily (Elisabeth Banks) ne l’accompagne pas, ils restent ensemble, devant le rejoindre plus tard.
Alors que Will pensait écrire des discours, il devra auparavant faire les basses besognes du QG, comme s’occuper du papier toilette, du café, des photocopies ou encore des pancartes. C’est durant cette période qu’il va rencontrer les 2 autres femmes importantes pour lui, Summer et April.
Summer (Rachel Weisz) est une ancienne amie d’Emily. Elle a retrouvé le journal intime de Summer et demande à Will de le lui rendre. Summer, future journaliste, vit avec un célèbre écrivain de 20 ans son aîné, Hampton Roth (Kevin Kline).
Qui est la maman de Maya entre April, Emily et Summer?
Quant à April (Isla Fisher), il la rencontre dans le QG de la campagne de Bill Clinton. Anticonformiste, passionnée et caustique, elle possède plusieurs exemplaires du livre Jane Eyre. En fait, c’était le dernier cadeau de son père avant sa mort, il lui avait fait une très belle dédicace, mais le livre s’est perdu lors d’un déménagement et elle continue de le chercher.
Si Will a un bon poste, niveau relations amoureuses, cela ne va pas fort…
A partir de là, Will va vivre une histoire avec Emily, Summer et April. L’histoire s’étale sur plus d’une décennie, avant la naissance de Maya.
Will fera notamment 2 demandes en mariages, aura des défaites et des réussites dans l’amour, mais je préfère vous laisser la surprise de l’histoire, riche, réaliste et un brin alambiqué, ayant le bon goût de ne pas être trop prévisible, ni trop fleur bleue.
Déjà, les 3 femmes ont des caractères assez différents, entre Emily sa petite amie du lycée, Summer la journaliste ambitieuse et April la rebelle. Mais leurs personnages sont bien traités, les 3 pouvant être la mère de Maya, aucune n’étant mise en avant au détriment des 2 autres. Et l’on voit aussi l’évolution de Will, de jeune homme idéaliste avec des convictions à homme mûr, mais désabusé (par son travail de publicitaire et son divorce).
Emily, la copine depuis le lycée?
Summer, la douce future journaliste?
Ou April, la pétillante « rebelle »?
Maya découvrira qui est sa mère pendant qu’ils l’attendent dans un parc (elle vient récupérer Maya), mais, alors que l’on pourrait croire que le film se termine… et bien non ! Car Maya est triste de voir son père malheureux. Elle veut que Will soit heureux à nouveau. Comment ? Regardez le film pour savoir. Seul indice, ce ne sera ses parents qui se remettent ensemble.
Jolie découverte avec Isla Fisher…
Réussir à faire une bonne comédie romantique est difficile, mais Un jour, peut-être… possède en plus un scénario original ou le suspense est gardé jusqu’à la fin. Comme je l’ai dit, une des forces de ce film est son scénario. Il est original, intéressant, les dialogues sont bien écrits (on est plus proche de la série How I met your mother que des comédies romantiques lambda), on a des surprises jusqu’à la fin, pas si fleur bleue que ça, offrant de beaux portraits de vie avec des personnages attachants.
De plus, le film s’étalant durant toute la décennie 90’s (plus les flash-backs de nos jours), on a un petit coté nostalgique en redécouvrant un monde sans téléréalité, où les mobiles avaient la taille d’une demi-brique et l’apparition d’internet. La bande-son n’est pas en reste, reprenant des morceaux célèbres de l’époque, comme Nirvana, Massive Attack ou REM.
Au niveau des acteurs, rien à redire, le trio Elisabeth Banks – Rachel Weisz – Isla Fisher fonctionne très bien, Kevin Kline dans un rôle atypique aussi. On pouvait avoir des craintes concernant Ryan Reynolds (dont c’était la première comédie romantique), mais il s’en sort avec les honneurs.
La relation entre Will et Maya est touchante, sans verser dans le mélo…
Et, bien sûr, Abigail Breslin est épatante dans le rôle de Maya ! Elle est tout aussi douée que dans Little Miss Sunshine ou Le goût de la vie et, contrairement à beaucoup d’enfants-star, elle continue d’avoir une brillante carrière de nos jours.
La relation entre Will et sa fille Maya est très touchante. Il y a des scènes drôles comme lorsque Maya lui pose des questions sur le sexe ou, quand elle le sermonne, genre « T’es débile papa, pourquoi tu as fait ça ? ».
D’autres assez émouvantes, concernant le divorce, ou quand Maya croit que ce qui arrive est de sa faute. En tout cas, leur relation est touchante et très crédible, alors que Ryan Reynolds n’avait pas encore eu d’enfants (parenthèse people, depuis son mariage avec Blake Lively, ils ont 2 enfants et le troisième est en route).
Adam Brooks, qui depuis le succès du film, s’est tourné dans les scénarios et réalisations de séries tv…
Lors de la préproduction du film, Universal Pictures voulut apporter des modifications au scénario, le rendre plus « standard » et prévisible. Adam Brooks, qui a écrit et réalisé le film, voulait absolument garder la mainmise sur son projet, et il tint bon, refusant d’édulcorer ou simplifier le récit.
Universal Pictures céda, car à la production, il y avait Tim Bevan et Eric Fellner, qui avaient notamment produit Quatre mariages et un enterrement, Love actually, Le journal de Bridget Jones ou Pour un garçon. Soit parmi les meilleures comédies romantiques de ces 20 dernières années.
Mais Universal (ou plutôt les décideurs) réduit le budget à « seulement » 7 millions de dollars ainsi que la campagne marketing, pensant que le film ne marcherait pas. Il en rapporta 55, soit, avec les frais de marketing, au moins 5 fois plus ! Quand les décideurs des studios laisseront plus de liberté au réalisateur, on aura probablement des films de meilleure qualité, comme c’est le cas ici.
Bref, vous l’aurez compris, Un jour, peut-être… est une bonne surprise. L’ayant découvert par hasard, il m’avait conquis.
Un film qui devrait même plaire à des personnes réfractaires au comédies romantiques, grâce à une histoire originale et bien construite, des personnages attachants, des acteurs convainquants, une très belle histoire père – fille, une histoire qui évite (presque) tous les clichés habituels, avec une fin émouvante et surprenante.
Si plus de comédies romantiques était du niveau de Un jour, peut-être…, les comédies romantiques seraient probablement appréciées par un plus grand nombre de personnes. Je vous le recommande vivement.
Hidalgo
Extraits vidéos :
Bande-annonce (fr)
Extrait: C’est quoi, un bébé par accident? (vost)
Un jour, peut-être
Sortie: 2008
Durée: 117 minutes
Genre: comédie romantique
Pays: USA
Réalisation : Adam Brooks
Production : Tim Bevan et Eric Fellner (Working Title Films)
Distribution : Universal Pictures
Scénario : Adam Brooks
Musique : Clint Mansell
Acteurs principaux: Ryan Reynolds (Will Hayes), Isla Fisher (April Hoffman), Elisabeth Banks (Emily Jones), Rachel Weisz (Summer Hartley), Abigail Breslin (Maya Hayes), Kevin Kline (Hampton Roth)
Budget : 7’000’000 $
Recettes mondiales: 55’447’968 $