Once upon a time… in Hollywood (2019) * * *

Depuis Pulp fiction (1994) et son succès planétaire, la sortie d’un nouveau film de Quentin Tarantino est un événement et son dernier film, Once upon a time in Hollywood, était l’un des films les plus attendus de l’année. J’ai vu tous ces films, et même si Pulp fiction est un de mes films préférés, je suis partagé concernant sa filmographie. On du très bon, voir excellent (Reservoir dogs, Kill Bill 1, Django unchained), du pas terrible (Inglorious bastards, Les 8 salopards) et du moyen (Kill Bill 2, Boulevard de la mort).

 

Alors, où se situe Once upon a time in Hollywood ? J’ai attendu quelques jours après avoir vu le film pour faire la chronique. Cette chronique ne reflète que mon avis, mais c’est clairement un film qui divise et certains auront un avis très différent du mien.

 

Une petite apparition d’Al Pacino

Nous sommes en 1969, une année charnière dans l’histoire du monde et du cinéma (j’y reviendrais plus tard). Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) est une ancienne star du western Bounty Law à la télévision.

 

Mais depuis quelques années, Rick ne tourne que dans des séries B, cantonné à jouer des rôles de méchants. L’agent Marvin Schwarz (Al Pacino) lui propose de tourner dans des westerns spaghettis en Italie, ce que Rick refuse.

 

Rick est accompagné par Cliff Booth (Brad Pitt), sa doublure cascade. Mais Cliff est avant tout le chauffeur et l’homme à tout faire de Rick, ne faisant que rarement des cascades. De plus, Cliff a mauvaise réputation, car des rumeurs circulent comme quoi il aurait tué sa femme.

 

Enfin, on suit la vie de Sharon Tate, actrice débutante de 26 ans ayant tourné quelques films, dont Le bal des vampires (1967) réalisé par son mari, Roman Polanski. 80% de sa présence se passe dans une salle de cinéma, ou elle s’admire et regarde les réactions des spectateurs dans son dernier film !

 

Tout d’abord, ce qui frappe, c’est de voir à quel point les années 60 et le ton sont retranscrites, le travail est monumental. Tout est reconstitué à la perfection, voitures, coiffures, vêtements, musiques, décors, boîtes de conserve, néons, publicités, rien n’est délaissé. C’est réellement un exploit, notamment pour des scènes longues comme lorsque Cliff prend en auto-stop une hippie. Elle dure plusieurs minutes et TOUT est parfaitement reconstitué, sans anachronisme ! Pour la reconstitution, rien à dire, on frôle la perfection ! Et la bande-son qui l’accompagne est, comme d’habitude chez Tarantino, excellente.

 

Oui, c’est bien dans Once upon a time in

Hollywood! La reconstitution de

1969 est tout bonnement incroyable!

 

 

 

 

 

 

 

 

Du grand art! Un deuxième oscar en vue?

Ensuite pour les acteurs. Leonardo di Caprio est juste exceptionnel dans le rôle de Rick Dalton, un acteur has-been, alcoolique, narcissique et capricieux, qui a du mal à accepter que ses années de gloire sont derrière lui.

 

Brad « cool attitude » Pitt dans le rôle de Cliff

La scène où il pète un câble dans sa caravane pour avoir oublié une réplique ou quand il joue avec une fillette de 8 ans sont des grands moments.

 

Pour Brad Pitt, pour son rôle de Cliff, il est plus en retrait, c’est le mec cool, qui vit au jour le jour, sans soucis. Brad Pitt dégage un charisme et une classe impressionnante, le genre de personne que tu as envie d’avoir comme pote.

 

Enfin, pour Margot Robbie, c’est une excellente actrice (regardez-là dans Moi, Tonya (2017)), mais elle est complètement anecdotique. Si après la séance, je n’avais vu qu’une (charmante) écervelée, j’ai compris après coup pourquoi Tarantino a fait de Sharon Tate un personnage candide.

 

Quant aux références, on est dans un film de Tarantino. Autant dire qu’il y en a énormément, et presque impossible de toutes les remarquer. Pour ma part, j’ai bien aimé le détournement de La Grande évasion, ou Rick devait soi-disant avoir le rôle de Steve McQueen, avec une reconstitution d’une scène du film… avec Rick !  Un Steve McQueen présent quelques secondes sous les traits de Damian Lewis lors de la fête à la Playboy Mansion.

 

 

80% des scènes de Margot Robbie se déroulent dans ce cinéma…

Il y a aussi une référence à Natalie Wood, lorsque Cliff et sa femme se disputent sur un bateau (mais il faut connaître l’histoire)… Ou la scène entre Bruce Lee et Cliff, mais elle a déclenché la polémique, les proches et amis de Lee détestant la manière dont Bruce Lee est représenté, et absolument fausse selon eux. Enfin, il y a beaucoup de références, à vous de les découvrir.

 

Mais alors, si Once upon a time in Hollywood a tellement de qualités, c’est un grand film ? Et bien… non. Il a de très grandes qualités, mais il manque une chose très importante : l’histoire !

 

Et oui, à vouloir instaurer une ambiance, Tarantino en oublie l’intrigue, c’est très très léger. Relisez le résumé de l’intrigue en début de chronique, on rajoute le pan « hippie » de Cliff, le tournage d’un western ou joue Rick et les 20 dernières minutes, on a plus ou moins fait le tour de l’histoire… Pour un film qui dure 2h41 ! Donc oui, il y a des longueurs et ça manque de rythme.

 

 

Ensuite, mais c’est un avis personnel, comme le titre s’appellait Once upon a time in Hollywood, je m’attendais à une grande fresque, un peu comme la trilogie Il était une fois… de Sergio Leone. Et 1969, quelle année ! On est en pleine guerre du Vietnam, l’homme se pose sur la Lune et le mouvement hippie est en train de s’éteindre. Quant au cinéma, la nouvelle vague est arrivée quelques années plus tôt, le code de censure Hays est abandonné, permettant toutes les audaces et le nouvel Hollywood (avec Spielberg, Lucas, Scorsese, Coppola, Lucas) arrive.

 

Dommage qu’il n’y aie qu’il n’y aie pas plus de scènes de ce genre…

Et qu’en fait Tarantino ? Hormis les hippies de la bande à Charles Manson ? Rien! Ensuite, Tarantino aime bien remettre d’anciennes gloires dans ses films, ce n’est pas le cas ici, mais plusieurs acteurs ayant déjà tourné avec Tarantino comme Kurt Russell ou Michael Madsen ont une ou 2 scènes (5 secondes pour Madsen) !

 

Je m’attendais à une reconstitution de la fin d’une époque, comme Boogie Nights (excellent film au passage), et bien non. Il ressort un coté nostalgique du film, mais franchement, quel dommage, il y avait de la matière (et du temps !) pour en faire quelque chose.

 

Mais, quelques jours après, j’ai repensé au film. Once upon a time…, soit Il était une fois, c’est comme cela que commencent les contes. Et comment les contes se terminent ? C’est là que cela a fait tilt ! Plutôt que dépeindre une époque, Tarantino a plutôt voulu faire un conte qui se déroule en 1969 ! Donc sur ce point, j’ai révisé mon jugement.

 

La « secte Manson » vivait dans un ancien studio de cinéma

Néanmoins, si on ne connaît pas le destin tragique de Sharon Tate et la bande de Charles Manson, on risque de passer à coté de beaucoup de choses. Sachant que Roman Polanski et des proches sont toujours vivants, et connaissant l’atroce vérité, je trouve dégueulasse que Tarantino détourne des faits historiques pour en faire une fiction!

 

D’autant plus que la seule séquence ultra-violente du film est tourné au 2e degré et à la limite de l’humoristique ! Encore une fois, en 1969, beaucoup d’autres sujets intéressants pouvaient être abordés.

 

Vive les pieds crades…

Alors d’accord, Tarantino s’est fait plaisir en réalisant probablement son film le plus personnel. Il est quand même conseillé de connaître l’époque qu’il dépeint avant de voir le film. Il a raconté ce qu’il voulait, comme il le voulait.

… ou calleux!

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On retrouve des dialogues très (voir trop) longs, des scènes qui s’étirent des minutes sans rien raconter, des gros plans sur les chaussures et, bien sûr, sur les pieds (pieds qui, au passage, sont dégueulasses, sales ou calleux). On voit que Tarantino aime cette époque et a de la nostalgie, mais clairement, ce n’était pas l’intrigue du film qui l’intéressait le plus. Il privilégie l’esthétique, mais la charpente du récit manque.

 

Rick ému d’avoir réussi sa scène…

Pour conclure, Once upon a time in Hollywood a de grandes qualités, une époque fidèlement reproduite, des acteurs excellents, plein de petites référénces et une musique au top, mais privilégiant l’ambiance et oubliant l’intrigue. Et 2h41, c’est long…

 

On verra d’ici quelques années si le film vieillit bien et acquiert un grand statut, mais pour ma part, j’ai des doutes. Certes, il y a du savoir-faire, mais il est difficile d’y voir plus qu’un hommage.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande-annonce vf

Extrait: Rick veut Cliff comme cascadeur vf

 

Once upon a time in Hollywood

 

Sortie:                                    2019

Durée:                                   161 minutes

Genre:                                   Drame, comédie

 

Pays:                                     USA/Royaume-Uni

 

Réalisation:                           Quentin Tarantino

Production:                            Quentin Tarantino, David Heyman, Shannon McIntosh

Distribution:                            Columbia Pictures

Scénario:                               Quentin Tarantino

 

Acteurs principaux:                Leonardo di Caprio (Rick Dalton), Brad Pitt (Cliff Booth), Margot Robbie (Sharon Tate), Margaret Qualey (Pussycat), Emile Hirsch (Jay Sebring)

 

Budget:                                    90’000’000 $

Recettes mondiales:              373’244’345 $

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