The voices of a distant star (2002) * * * *

Ceux qui ont lu la chronique de ce chef d’œuvre d’anime qu’est Your name savent tout le bien que je pense de Makoto Shinkai. J’avais tellement apprécié Your name que je n’avais pas hésité à me déplacer en début d’année pour voir le magnifique Les enfants du temps.

 

Le très grand Makoto Shinkai…

Pour l’anecdote, alors que Les enfants du temps ont rapporté 193 millions de dollars de recettes (pour un budget de 11), il n’a été diffusé que dans… 2 salles en Suisse romande (francophone) !!! Vraiment scandaleux au vu de son succès et de sa qualité !

 

Mais bon, je suis ici pour chroniquer The voices of a distant star, qui, si l’on excepte Kanojo to kanojo no neko (1999), un court-métrage en noir et blanc de 5 minutes qu’il réalisa durant son temps libre, est la première œuvre de Makoto Shinkai. Une œuvre assez extraordinaire quand on sait de quelle manière elle a été réalisée. Mais avant d’y revenir, place au pitch.

 

En 2046, l’humanité a colonisé plusieurs planètes, dont Mars. Noboru et Mikako, 2 adolescents de 15 ans,  sont amoureux l’un de l’autre et coulent des jours heureux ensemble. Noboru espère qu’ils fréquenteront le même lycée à la rentrée, mais Mikako lui annonce qu’elle a été sélectionnée pour une mission dans l’espace, qui risque d’être très longue.

 

Plusieurs années auparavant, Mars a été attaquée par une race d’extraterrestres, les Tarsiens. Les Nations Unies décident d’envoyer des patrouilles dans l’espace afin de les localiser et de les affronter. En raison de son intelligence et de ses capacités physiques, Mikako a été choisie pour piloter un Tracer, une sorte de robot géant.

 

Une fois dans l’espace, Mikako arrive à communiquer avec Noboru, grâce une sorte de sms (rappelons que le film date de 2002, les smartphones, facebook et tout ce qui a suivi n’existait pas encore). Mais, plus Mikako s’éloigne de la Terre, plus les messages prennent du temps à parvenir à Noboru. Les heures deviennent des jours, puis des semaines, puis des mois,…

 

Si le mobile accuse le poids des ans,

les messages continuent d’arriver

de plus en plus espacés…

 

De plus, le Risitia, le vaisseau dans lequel Mikako est affectée, effectue plusieurs sauts dans l’hyper-espace, créant une différence d’âge. Mikako ne vieillit que très peu alors que Noboru devient adulte. Les sentiments de Noboru et Mikako vont-ils résister au temps d’arrivée des messages et à la barrière de l’espace-temps ?

 

Oui, Makoto Shinkai l’a réalisé tout seul!

J’ai dit que The voices of distant star était extraordinaire dans son développement, qui a nécessité 2 ans de travail. Vous vous demandez certainement pourquoi, surtout pour un court-métrage qui dure très exactement 24 mins 25 sec. C’est tout simple. L’histoire, les dessins, la direction artistique, l’animation (traditionnelle et 3D) et le doublage (de Noboru), tout a été réalisé par Makoto Shinkai… tout seul ! Oui, vous avez bien lu (hormis la bande-son et la musique, évidemment)!

 

Le design des personnages, le point faible de l’anime

On pourrait croire qu’étant l’œuvre d’une seule personne, l’anime serait minimaliste et simpliste, mais pas du tout ! Les décors, notamment les ciels, sont superbes, les séquences dans l’espace fabuleuses et les combats très dynamiques.

 

Le seul reproche pourrait venir du chara-design (design des personnages), peu élaboré. Il est néanmoins impossible à deviner qu’il est l’œuvre d’une seule, étant d’un niveau technique au moins équivalent à des (grosses) productions de l’époque.

 

Petit aparté, pour le vieillissement différent des personnages, ce n’est pas de la science-fiction, la théorie de la relativité d’Albert Einstein explique ce phénomène, le temps passant effectivement plus « doucement » dans l’espace que sur Terre. Je vous invite à faire des recherches sur internet ou (re)voir Interstellar si le sujet vous intéresse.

 

Oui, le cockpit est inspiré d’Evangelion…

Certaines mauvaises langues pourraient dire que The voices of distant star s’inspire de Neo Genesis Evangelion (cockpit de Mikako ou combats contre les Tarsiens). Si, pour la partie science-fiction, l’inspiration est indéniable, ce n’est pas du plagiat ! Pour les thèmes principaux, on a à faire à un vrai film de Shinkai !

 

Déjà, pour la réalisation, on retrouve certains traits, comme des environnements très réalistes, des ombres travaillées ou des plans sur des trains. Quant aux cieux, si les derniers films de Shinkai ont les plus beaux ciels de l’histoire de l’animation, force est de constater que dans The voices of distant stars, il était déjà en avance sur pratiquement tout ce qui se faisait.

 

On reconnait tout de suite le style

Shinkai (ultra-réaliste, ombres

travaillées, trains, ciels de toute beauté)

 

Le vieillissement différé et le temps que mettent les messages à arriver servent l’histoire. Les films de Shinkai abordent toujours des thèmes très humains, comme l’amour, la tristesse, la séparation ou les questionnements, mais sans jamais être niais ! Et ce avec une dose de beauté et de poésie inégalée. Si ses films se sont toujours adressés aux adolescents et aux adultes, ce n’est pas pour rien.

 

Noboru est devenu adulte, alors que Mikako a toujours 15 ans…

Oui, l’histoire est très triste et désincarnée (on ne voit que Noboru et Mikako comme humains), mais on sent que leur amour sera éternel. Et comme le film n’a pas de véritable fin, on peut espérer qu’ils se retrouveront…

 

La musique, mélancolique, est en parfait accord avec les thématiques du court-métrage. Ecoutez « Through the years and far away » (avec sous-titres en français) dont j’ai mis l’extrait en bas de chronique pour vous en convaincre.

 

Bref, comme vous l’aurez remarqué, j’ai beaucoup aimé The voices of a distant star. Certains estiment qu’avec Makoto Shinkai, Mamoru Hosoda et Hiromasa Yonebayashi, la relève « Post-Miyazaki » dans l’animation japonaise est assurée, chacun ayant de plus son style propre. Je le pense également.

 

Avec The voices of a distant star, Makoto Shinkai prouvait déjà qu’il avait tout d’un grand. Certaines personnes seront peut-être rebutées de devoir regarder le film avec des sous-titres français (pas de vf), mais ce serait vraiment dommage.

 

En moins de 25 minutes, il nous raconte une histoire profonde, touchante, émouvante et poétique, avec une musique de toute beauté. De plus, il réussit l’exploit de faire aussi bien voir mieux que des (grosses) productions de l’époque, alors qu’il était tout seul. Un court-métrage à la sensibilité écorchée, qui amorce la carrière d’un des tous meilleurs réalisateurs d’animes actuels.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande annonce américaine vo (sous-titres anglais), un peu trop sf par rapport au court-métrage

Chanson « Through the years and far away » (avec sous-titres fr)

 

The voices of a distant star

 

Sortie:               2002

Durée:               24 minutes

Genre:               anime / drame / romance / science-fiction

 

Pays:                 Japon

 

Réalisation :      Makoto Shinkai

Production :       Yoshihiro Hagiware (Mangazoo)

Distribution :      Comix Wave

Scénario :          Makoto Shinkai

Musique :          Tenmon

 

Acteurs principaux:     Makoto Shinkai (Noboru (original version)), Mika Shinohara (Mikako (original version)), Chihiro Suzuki (Noboru), Sumi Motoh (Mikako), Donna Burke (voix de l’opératrice du Lysithea)

 

Budget :             non précisé

Recettes :          non précisé (sorti uniquement au Japon, puis en dvd dans le reste du monde, mais bénéficiaire)

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