Chernobyl (2019) * * * * * *

Tchernobyl évoque pour beaucoup la pire catastrophe nucléaire de l’histoire le 26 avril 1986 (avec Fukushima). Malgré mon jeune âge à l’époque (1986), je me souviens de l’événement et de la paranoïa que cela avait provoquée.

Ahh, les jolis abris nucléaires suisses…

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Oui, avant la crise du Covid-19, on s’était retrouvé avec des magasins dévalisés et beaucoup de personnes avaient réaménagé leurs abris nucléaires (note : pour les lecteurs n’habitant pas en Suisse, il y a encore quelques années, il était obligatoire de posséder un abri nucléaire dans chaque maison, le plus souvent une pièce qui servait de débarras).

 

L’accident sera annoncé… 3 jours plus tard…

En plus, on était en pleine guerre froide et l’URSS, fidèle à son habitude, pratiquait le culte du silence. L’incident n’aurait sans doute jamais filtré hors d’URSS si l’on avait pu le garder secret. Mais, en Suède, une centrale nucléaire avait constaté un niveau anormalement élevé de radioactivité.

 

Après l’évacuation préventive des lieux, on se rendit compte que la radioactivité ne provenait pas de la centrale, mais d’un nuage radioactif recouvrant une grande partie de l’Europe. Quelques heures plus tard, on détecte la même chose à Frankfort en Allemagne de l’Ouest, et les enfants sont priés de rentrer chez eux. A Pripiat, ville à 3 km de la centrale, la population… ne sait rien !!!

 

Mais avant d’en dire plus, retour sur l’excellente mini-série Chernobyl, réalisée en 2019 par HBO, qui décrit en 5 épisodes la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et les efforts sanitaires, écologiques et économiques qu’il a fallu consentir, au prix de milliers de victimes !

 

26 avril 1988, Valeri Legassov (Jared Harris) se suicide, 2 ans jour pour jour après la catastrophe de Tchernobyl. Il laisse néanmoins un document enregistré « Il est de mon devoir de parler… », qui se révélera capital pour la suite.

 

Retour en arrière le 26 avril 1986. Lors d’un test de sécurité sur le réacteur 4 (oui, un test de sécurité !), une terrible explosion secoue la centrale de Tchernobyl (Ukraine) à 1h 23min 49s.

 

Malgré les énormes dégâts et le nombre de victimes, le principal Diatlov (Paul Ritter) prétend qu’il s’agit « seulement » de l’explosion d’un réservoir de refroidissement sur le toit et ordonne d’alerter les pompiers.

 

Les pompiers arrivent sur place, sous les yeux de spectateurs qui assistent à l’incendie depuis un pont. Mais, l’un après l’autre, les pompiers tombent malades quelques minutes après être arrivés. Des ingénieurs disent à Diatlov que le réacteur a explosé, mais il refuse d’y croire, les capteurs indiquant une radioactivité très faible de 3 röntgens. Petite anecdote, les capteurs utilisés ne pouvaient pas indiquer plus que 3. La réalité était de… 15’000 röntgens !!!

 

Parmi les premiers pompiers sur place ou

ceux qui ont regardé l’incendie depuis un

pont, aucun n’a survécu…

 

Valeri Legassov est convoqué au Kremlin devant une commission d’urgence avec Gorbatchev (David Dencik). Etant un spécialiste de ce type de réacteurs nucléaires, il est envoyé sur place pour constater les dégâts, accompagné de Boris Chtcherbina (Stellan Skarsgard), qui supervisera la gestion de crise.

 

Oulana Khomiouk est un personnage fictif, qui représente plusieurs scientifiques ayant secondé Legassov

Quelques heures plus tard, Oulana Khomiouk (Emily Watson), une scientifique travaillant à l’institut de l’énergie nucléaire de Biélorussie, tombe sur des résultats étranges sur ses appareils. Elle décide d’en informer son supérieur, qui n’en a cure.

 

Alors que Legassov et Chtcherbina se dirigent vers le lieu du drame et que Legassov explique à Chtcherbina comment fonctionne une centrale nucléaire (voir extrait vidéo en fin de chronique), il constate rapidement que tout le réacteur est éventré ! L’accident est bien plus grave que prévu, car l’explosion de ce réacteur dégagera des radiations qui dépasseront 400 bombes atomiques !!!

 

 

Je m’arrêterais là pour le résumé de l’intrigue, sachant que les 5 épisodes se consacreront à montrer comment sera géré la catastrophe, les mesures et efforts qu’il faudra entreprendre, au prix de nombreux sacrifices humains dans l’un des pires accidents écologiques du 20e siècle.

 

Véridique: si l’équipe des 3 ingénieurs n’avaient pas réussi de justesse à drainer l’eau des sous-sols de la centrale, la moitié de l’Europe serait inhabitable!

Chernobyl est une série choc, qui glace le sang et dont on ne sort pas indemne ! A mon avis, on n’est pas prêt de revoir une série de ce genre avant longtemps. Et ce pour plusieurs raisons. Déjà pour la gravité du sujet abordé, qui la rend essentielle. La mini-série n’édulcore rien, y compris pour des scènes très dures ou qui font froid dans le dos.

 

On se rend compte qu’on est passé à 2 doigts d’une catastrophe bien plus importante (si l’on avait pas pu in extremis drainer l’eau du sous-sol, la moitié de l’Europe aurait été inhabitable) et tous les efforts qu’il a fallu consentir (certaines fois inhumains). N’oublions pas la chape de plomb du régime soviétique, où le moindre incident ou problème était passé sous silence. Ou alors, on élaborait d’énormes mensonges, qui sont juste révoltants !

 

Pas plus de 90 secondes sur le toit pour déblayer les débris radioactifs…

Ensuite, pour la qualité de la mini-série, qui est exceptionnelle ! Sur le site imdb, Chernobyl a reçu la meilleure note jamais attribuée à une série, avec 9,7/10, soit plus que Game of thrones (9,4/10) ou Breaking bad (9,5).

 

Même si elle est excellente, je ne pense pas que j’irais jusque là, mais c’est clairement une série qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie. Elle est passionnante, avec des images qui vous prennent aux tripes et qui vous font réfléchir.

 

On a employé des rovers lunaires pour déblayer… les zones moins contaminées!

De plus, avec un budget colossal de 250 millions de dollars pour 5 épisodes, la mini-série est impressionnante ! Bien que filmée de manière sobre, elle est d’un réalisme à couper le souffle, on a rarement vu aussi bien, tant au cinéma qu’à la télévision !

 

Tout, que cela soit les décors, les costumes, les coiffures, les voitures, les anecdotes (les rovers lunaires), tout est parfaitement exécuté! Elle retransmet parfaitement l’enfer de la catastrophe de Tchernobyl, avec un rendu vraiment glauque et glaçant.

 

 

La série a été tournée en partie en Lituanie pour les extérieurs et dans l’ancienne centrale d’Ignalina, mais on ne voit pas la différence avec les images d’archives, on a vraiment l’impression d’y être, à la même époque. Enfin, avec Jared Harris, Stellan Skarsgard ou Emily Watson, on a droit à un casting 5 étoiles.

 

Grâce à des panneaux, les causes de la catastrophe seront très simples à comprendre, même pour le néophyte…

Si l’extrait vidéo que j’ai retenu ne vous paraît pas convainquant, c’est tout simplement car je ne souhaitais pas vous montrer des événements cruciaux de l’intrigue. Chernobyl est un tout, qui s’apprécie sur toute sa durée. C’est une série essentielle, pour qu’on n’oublie jamais, à l’instar d’un film comme La liste de Schindler.

 

Les scènes fortes sont légions, entre les sacrifices héroïques pour sauver le plus de personnes possibles, les moyens colossaux pour recouvrir le réacteur, les liquidateurs de la centrale, la décontamination de milliers de kilomètres carrés au prix de scènes dures (comme tuer tous les animaux) où l’explication des causes de la catastrophe dans le dernier épisode.

 

Quant aux scènes sur les personnes irradiées, autant vous prévenir tout de suite, il faut avoir l’estomac bien accroché, tant elles sont horribles et à la limite du soutenable. Si on peut saluer le travail des maquilleurs, les effets de radiations sont affreux quand on voit l’état dans lequel sont les victimes et on ne peut qu’avoir de l’empathie pour eux.

 

Je vous épargne les

scènes les plus difficiles

et leur lente agonie dans

d’atroces souffrances

 

Pripiat ne sera que tardivement évacuée

On ne peut qu’être indigné lorsque l’on voit les réactions du gouvernement avec le fameux culte du silence et le laxisme du régime soviétique. Pripiat, ville a 3 km de la centrale, ne sera évacuée qu’après que d’autres pays d’Europe eurent constaté le nuage radioactif. La catastrophe ne sera annoncée que 3 jours plus tard, tout en la minimisant, avant de devoir admettre sa gravité.

 

Les principaux responsables de la catastrophe

La centrale présentait de graves défauts de conception qui furent passé sous silence et la liste est encore très longue. Peut-être juste terminer par une dernière anecdote choquante. La plupart des estimations du coût humain de l’accident de Tchernobyl vont de 4000 à 93’000. L’Union soviétique n’en reconnait officiellement que… 31 !!!

 

Quant à Valeri Legassov, outre le fait qu’il avait été fortement irradié et que ses jours étaient comptés, son suicide a permis de rendre public tous les mensonges du régime soviétique et faire éclater la vérité sur de nombreux points. Il était « empêché » de s’exprimer de son vivant.

 

Gorbatchev écrira dans un livre en 2006 que l’effondrement de l’URSS est peut-être dû à la catastrophe de Tchernobyl. Ce qu’il voulait dire, c’est que l’incident de Tchernobyl a mis en lumière beaucoup de problèmes et les carences d’un régime complètement à bout de souffle. Avec une économie en chute libre, le culte du silence, les mensonges et la peur de la bureaucratie, l’éclatement semblait inévitable. Tchernobyl l’a peut-être juste avancé de quelques années.

 

En résumé, Chernobyl est une série qu’il faudrait voir au moins une fois dans sa vie. Elle est essentielle, pour qu’on n’oublie jamais. Elle est d’un réalisme à couper le souffle et parfaitement interprétée. Elle est glaçante et révoltante, mais également passionnante. Je ne peux que vivement vous la conseiller. Une série rare, une série choc !

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande annonce (vost)

extrait: scène hélicoptère et arrivée (vf)

 

Chernobyl

 

Sortie:               2019

Nombre d’épisodes:   5

Durée:               58 à 74 minutes

Genre:               Histoire vraie / drame

 

Pays:                 Etats-Unis / Royaume-Uni

 

Réalisation:       Johan Renck

Production:        Craig Mazin, Carolyn Strauss, Jane Featherstone, Chris Fry, Sanne Wohlenberg et Johan Renck

Distribution:       HBO (USA, Espagne), Sky Atlantic (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse alémanique), OCS (France, Suisse romande (francophone))

Scénario:           Craig Mazin

Musique:           Hildur Guonadottir

 

Acteurs principaux:     Jared Harris (Valeri Legassov), Stellan Skarsgard (Boris Chtcherbina), Emily Watson (Oulana Khomiouk), Paul Ritter (Anatoli Diatlov), Jessie Buckley (Lioudmila Ignarenko)Da

 

Budget:             250’000’000 $ (oui, vous avez bien lu !)

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